Noblesse d'âme - Igaya le « Juge »

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— Igaya ! Hâte-toi !

Ces par ces simples mots que le quotidien du jeune triton requin-renard bascula. Secoué dans tous les sens par son père, le vénérable Sagara, L'énorme homme-poisson (également de la famille des requins-renards), souleva son garçon, le serra contre lui, et l'emmena hors de la chambre. Alors que l'on tambourinait à la porte, que des cris retentissaient, le paternel lui confia un sabre et un pistolet. Igaya, seulement âgé de sept ans, agitait sa longue nageoire fine, tel un fouet. La nervosité le gagnait, puis laissa place à la terreur. Il cherchait partout, la moindre trace de sa mère. Sagara resserra la main de son fils sur la poignée du sabre.

— S'ils entrent, tue-les.
— Papa …
— Pas de questions, mon enfant !

A ces mots, dans un fracas assourdissant, la porte d'entrée vola en éclats. En surgit alors une horde de soldats de la garde royale, armés jusqu'aux dents. Leur capitaine, s'avança doucement, ôta ses gants métalliques et se mit en position de combat, comme le faisaient les adeptes du Karaté amphibien. Sagara, se positionna à son tour, imitant l'intrus qui venait poser son pied dans son logis.

— Sagara, au nom de la loi de l'Ile des Hommes-Poissons, je t'arrête. Tu es accusé de haute-trahison envers notre souverain bien-aimé. Ta tentative de coup d'état a échoué. Nous nous combattons depuis toujours au tournoi des Sept Dragons d'Eau, et te connaissant, je sais que tu ne te rendras pas sans livrer bataille.
— Sauf que cette fois-ci, Jinkai, je ne déposerai pas les armes, à moins de perdre la vie.
— Ce sera donc un duel à mort, mon rival.
— Igaya, dis de ma part à ta mère d'aller en enfer, s'il te plaît. Nous nous reverrons dans l'au-delà.

Tout en prenant un pose épique, le vénérable Sagara, avec toute sa majesté, s'élança dans ce qui allait être son dernier acte de bravoure. Il se lança sur le capitaine Jinkai, et les deux hommes-poissons se livrèrent à un affrontement dantesque. Leur maîtrise du Gyojin Karate dépassait de loin le commun des mortels. Quelques minutes passèrent, durant lesquelles la maison fut entièrement ravagée par les coups et les ondes de choc. Igaya tenta de se protéger comme il pût, mais il fut soufflé par les bourrasques générés par les mouvements experts des deux antagonistes du destin shonenesque. Quelques gardes parvinrent à approcher l'enfant, et arrivèrent à le désarmer. Puis le menottèrent, et l'emportèrent. Alors que les soldats tentaient de calmer les pleurs du petit Igaya, ce dernier voyait s'éloigner la silhouette de son père, dans les gravats de la maison familiale, fier qu'il était, à affronter son rival. Le groupe descendit les escaliers qui menaient à l'entrée de la résidence. Là, ils bifurquèrent au parc naturel, au lieu de continuer jusqu'au Palais Ryugu. C'est alors que Scylla, la sirène poisson-combattant la mère d'Igaya, fit son apparition.

— Madame … Nous avons fait comme selon vos ordres …
— Maman … ?
— Et mon mari ?
— Mort, fit la voix du capitaine Jinkei.

Il arriva, la main recouverte de sang, tenant ce qui semblait être un énorme morceau de chair.

— Le coeur encore palpitant de votre défunt époux … Sagara le Vénérable n'est plus.
— Papa ... , pleurnicha Igaya.
— Eh bien, voilà qui est fait. Sa perte arrangera grandement nos affaires je suppose.
— Que fait-on de ce morveux ?
— Il est condamné à l'exil.
— Maman !! Où est papa !!! MAMAN !!
— Il braille trop fort. J'ai eu d'autres ordres de Glaucos, pour ma part, dit Jinkai en dégainant son sabre.
— En l'absence de Glaucos, c'est moi qui donne les ordres !! Laisse cet enfant tranquille, il sera expédié à l'archipel Sabaody. Il fera un excellent esclave.
— T'en assumeras les conséquences, Scylla. N'est-ce pas ce que l'on appelle « l'instinct maternel » ? AHAHAHAH !
— Tes réflexions, ne m'intéressent pas, Jinkai.

Quatre années plus tard …

Igaya ouvrit les yeux. Le ciel s'offrait à lui. Assis au bord de la plage, il laissa vagabonder ses pensées. Cela faisait déjà deux jours qu'il était arrivée sur cette île, et que subitement, sa nageoire s'était divisée en deux, lui permettant de marcher sur deux jambes, comme un humain. Une capacité qui se manifestait dès l'adolescence chez les sirènes et les tritons. Ce temps d'attente, il l'utilisa pour apprendre à marcher, à courir, à sauter, et à se mouvoir comme un humain lambda. Et enfin, sa patience fut récompensée. Une voile noire à l'horizon. Un navire pirate s'apprêtait à accoster. Enfin pas vraiment. Il s'agissait plutôt d'une bande de vauriens qui s'amusaient à piller les mers, et